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Margrit Linck 1897-1983

"Vase aux chevaux"

Faïence décorée et émaillée
1943
H: 36,5 cm Ø: 21 cm

Decorated and glazed earthenware
1943
H: 36,5 cm Ø: 21 cm

Margrit Linck est considérée comme la pionnière suisse d’une céramique moderne au carrefour de l’art et du design. Margrit Daepp (c’est son nom de jeune fille) s’est formée en céramique dans le canton de Berne, puis dans une école d’arts appliqués de Munich. Ses talents de dessinatrice sont très tôt remarqués, qu’elle exerce en peinture puis en sculpture. Elle se marie en 1926 avec le sculpteur Walter Linck (1903 - 1975). Le couple fait de fréquents séjours à Paris, y  rencontre d’autres artistes suisses tels que Alberto Giacometti, Louis Conne, Robert Wehrlin, Charles Bänninger et sa femme Germaine Richier. Margrit Linck est la première femme en Suisse à ouvrir une atelier de poterie (à Wabern, près de Berne, puis plus tard à Reichenbach près de Zollikofen). Elle obtient ses premiers succès à l'Exposition universelle de Paris (1937) et à l'Exposition nationale suisse de Zurich (1939). A partir de 1942, elle arrêtera de travailler elle-même sur le tour et embauchera des potiers, afin de mieux se concentrer sur l’élaboration de collections de modèles de céramiques utilitaires. Sa signature est très reconnaissable, avec ce signe distinctif d’un poisson peint au revers de ses pièces. Les formes sont dans un premier temps émaillées et décorées, puis à partir de 1963 deviendront monochromes, blanches, puis noires, plus rarement bleues. Des sculptures en céramique voient également le jour dès la fin des années trente, et devenant très originales et artistiques au cours des années 50, lorsqu’elle conçoit des figures à partir d'un corps de femme aux références très marquées à l'art contemporain, mais aussi à l'art africain et océanique, découverts grâce au peintre suisse Serge Brignoni. Ses figures sont présentées dans de nombreuses expositions en Suisse et au-delà. A partir de 1957, le couple travaille souvent dans une résidence secondaire en France, à Saint-Romain-Le-Haut, en Bourgogne. À la fin des années soixante adviennent des vases torsadés, émaillés mat, en blanc ou bleu. La mort de son fils en 1974 puis de son mari en 1975 marque un arrêt dans  le parcours artistique de Margrit Linck. Elle créera encore, entre 1981 et son décès en 1983, un ensemble de hautes figures sculptées d'une grande présence, élaborées d’après des dessins préalables, qui lui assureront une aura internationale.

Le très beau vase à décor de chevaux cabrés que je vous propose aujourd’hui à la vente, est daté de 1943, avec la signature « au poisson ». C’est une pièce unique de belle taille, dont la forme pourrait être comparée à certaines oeuvres de Jean Mayodon, de Maurice Gensoli ou de Frédéric Kiefer durant leurs activités respectives à la Manufacture de Sèvres, à la fin des années 30. On connait de cette même époque quelques rares formes de pichets aux motifs peints assez proches. L’expressivité fougueuse du décor animalier se détachant en ocre sanguine sur un fond émaillé d’une couverte d’un beau gris ombré, entre en belle harmonie avec la forme classique et généreuse du vase, bien ancré sur une base circulaire et ponctué sur le pourtour de sa panse de petits cabochons de terre posés en reliefs.