Pierre Siebold 1925-2012

"Diables en couple"

Sculptures en acier partiellement émaillée
1970 et 1982
H: 30 cm

Partially enamelled iron sculptures
1970 and 1982
H. 30 cm

 

Pierre Siebold (1925-2012)

« Diable » et « Diablesse », fer forgé et émail, 1970 (l’homme) et 1982 (la femme).

Pierre Siebold (1925-2012) est un artiste bernois (né à Bruxelles en Belgique), qui s’est établi à Genève en 1945. Il installera en 1956 son atelier de sculpture sur métal à Versoix. Après une formation à l’Ecole des Arts et Métiers de Berne, qu’il poursuit à Zürich, il étudie aux Beaux-arts de Genève, où il se spécialise comme sculpteur-forgeron d’art (1945-1946). En 1947, il fait un stage dans l’atelier de Zadkine à l’Académie de La Grande-Chaumière à Paris, puis, à son retour en Suisse, il fait un autre stage dans l’atelier du célèbre céramiste suisse Marcel Noverraz, à Carouge. Dès la fin de ses études, il va accumuler les prix artistiques : Prix d’Art de la ville de Berne en 1947, Bourse fédérale en 1950 et 1952, Prix Neumann en 1950 et Bourse Berthoud en 1956… Son oeuvre est exposée au musée Rath en 1952, aux côtés de celles des peintres genevois Willy Suter (1918-2002) et Hans Ulrich Saas (1916-1997). En 1960, Pierre Siebold remporte le prix d’art de la Ville de Berne avec un projet qui lui prendra trois ans à réaliser : un « Cheval de Troie » en  bronze pour le Berner Hochfeld Schulhaus. Une exposition rétrospective lui a été consacrée à Versoix en 2015. La ville de Genève est parsemée de commandes publiques signées de sa main : parmi ces nombreuses interventions dans l’espace public, on peut mentionner le « Gardien de paix », sur la façade du Centre International de Genève en 1958 (900 kilos pour 12 mètres de haut, la plus grande sculpture de la ville à cette époque !); « La belle de Champel », rue de Champel (1959); «l’Homme jouant du tuba », dans le Parc Saint-Jean, sur le sentier du Promeneur-Solitaire du Nant-de-Cayla (1963); un ensemble de quatorze sculptures-jeux en fer peint intitulé « Jeu d’échecs », dans l’École des Grottes (1985-1987). D’autres importantes sculptures ont été intégrées dans l’espace public et les écoles de la Ville de Versoix. Un art accessible et puissant, parfaitement intégré à la vie urbaine, et qui passe fort bien l’épreuve du temps…

Dans des dimensions diverses et parfois plus domestiques, la représentation synthétique des animaux a toujours attiré Pierre Siebold, soucieux de la ligne et de l’épure expressive de chaque sculpture, quelque soit son échelle. Ce sont ces qualités qui lui ont valu l’amitié du joaillier Gilbert Albert, qui l’appelait « l’orfèvre du fer », et qui l’exposait régulièrement aux sein des vitrines de sa joaillerie, voisine de ma galerie dans la rue de La Corraterie. « Tu fais vivre le fer, tu l’ennoblis, il devient métal précieux » le complimentait-il. Ces deux Diables en fer soudé et émail que je livre à votre attention aujourd’hui (en fait un « diable » et une « diablesse », qui pourraient bien faire couple, sauf que l’un est daté 1970, et l’autre 1982), correspondent bien au type d'oeuvres de Siebold qu’affectionnait particulièrement Gilbert Albert. Pleines d’humour et de fantaisie (mi-diables sexués, mi-insectes à carapaces), d’un grande précision dans l’exécution, elles sont empruntes d’une certaine préciosité aussi, due aux touches d’émail alternativement bleu (pour « l’homme ») et jaune (pour « la femme »), détails colorés assez inhabituels dans l’oeuvre de Siebold. On rapporte que dans les années 70-80, il fabriquait ainsi, chaque année, une petite sculpture-diable émaillée pour le passage à l’année suivante (ce qui explique ces dates mentionnées sur chacune d’elles), afin « d’exorciser » les esprits chagrins et de pouvoir démarrer la nouvelle année avec truculence et amour de la vie. En monumental ou en miniature, l’art de Siebold est toujours intelligent sans jamais être intellectuel, il est accessible et exigeant à la fois, d’une rigueur technique sans faille, parfaite synthèse du savoir-faire de l’artisan et d’une vision artistique éloignée de tout académisme.