Grand plat en faïence décorée et émaillée
1939
Ø: 36,5 cm
Decorated and glazed earthenware large platter
1939
Ø: 36,5 cm
Maurice Savin est un peintre français, né dans la Drôme. Diplômé de l’École des arts décoratifs de Paris, il eut une vocation couronnée de succès en peinture et dans les arts appliqués, entre les années 20 et 70, dans les domaines de la céramique, de la gravure (sur bois et en tant que médailliste), de la lithographie et de l’illustration littéraire. Il aborda la décoration de mobilier (avec Etienne Kohlmann, pour Jacque Adnet), l’art du vitrail, et même la tapisserie (Le mobilier National a commandé à Savin, en 1941, quatre tentures « Plaisirs et travaux champêtres » et en 1945, les « Douze mois de l'année », tissées les unes et les autres aux Gobelins). Savin pratiqua la céramique notamment à la Manufacture de Sèvres, utilisant presque exclusivement de la faïence stannifère montée au colombin. Lui aussi fut attiré par l’art du portrait et des haut-reliefs sur faïence tels que les pratiquait la famille Della Robbia à Florence au cours du 15ème siècle. Il s'inspira également largement des décors en bleu et jaune réalisés au pinceau sur des fonds blanc très onctueux par les anciens faïenciers de cette même époque à Moutiers en Provence. En peinture, ses scènes paysannes souvent joyeuses, ses nus généreux plongés dans une lumière ocrée et sereine, - dans la tradition réinterprétée de la peinture flamande - ont connus un succès médiatique considérable. Sa céramique également, quoique beaucoup moins abondante - a connu une belle fortune critique, encensée notamment par le célèbre écrivain et journaliste Pierre Mac Orlan, qui appréciait « ses poteries poétiques, d’un sensualité incomparable peut-être à cause de leur chasteté saine et fruitée. L’art de Savin est balsamique : ses compositions scrupuleuses, dédiées aux apparences les plus simples, et pour cette raison les plus émouvantes, font que le regard s’éprend tout de suite de ce repos classique, qui est le repos même des choses des couleurs est des formes qui ont accomplies leur tâche dans le système des quatre éléments » (cité par Anne Lajoix dans « La céramique en France 1925-1947 »). Voilà bien un constat aux consonances quasi bibliques, qui pourrait s’appliquer à l’exceptionnel grand plat que je vous propose : Adam et Eve au Jardin d’Eden, daté juste avant-guerre (1939). Il est très représentatif de ce souffle bucolique caractéristique de son art, très « virgilien » aussi dans cette osmose miraculeuse des corps et de la nature, et cela sur une relativement petite surface en tondo encadrée d’un large marli, au décor graphique enlevé. L’oeuvre céramique de Maurice Savin, peu abondant au regard de sa production picturale, est très rare sur le marché de l’art, mais très bien représenté dans les collections nationales françaises, non seulement à Sèvres, mais également au Musée d’Art Moderne (où une rétrospective de l’artiste a été présentée en 1979), et aux Musée des Arts Décoratifs de Paris. Plusieurs céramiques de Maurice Savin avait également été montrées dans la grande exposition lausannoise «La céramique des maîtres de la céramique contemporaine », au Palais de Rumine, en 1953.